Prix Rodolphe Töpffer 2000

Frankenstein, encore et toujours, Genève, éditions Atrabile, 2001
dessin et scénario de Alex Baladi

Frankenstein,
Page de présentation
encre de Chine sur papier
Frankenstein
recherche de personnages,
encre de Chine sur papier
Frankenstein, p. 27,
découpage,
Stylo sur papier
Frankenstein, p. 27,
encrage définitif
encre de Chine sur papier

Quand l'une trouve la situation mélancolique, l'autre l'estime déprimante. Et quand l'une cauchemarde; l'autre, de son côté, succombe à ses angoisses. II faut dire que les deux jeunes femmes dont on est amené à partager quelques-unes de leurs heures d'existence, ne sont pas gâtées par la nature. Encore moins par la vie. Elles sont poursuivies par leurs fantômes et leurs obsessions. Et le fait de récupérer, un soir d'hiver, un exemplaire de " Frankenstein " ne va pas arranger les choses. D'autant que sommeil lourd ou nuit blanche apportent leur lot d'idées ressassées. " Mmh... encore de supers souvenirs qui montent à la surface ", constate amèrement l'une. On se dit que tout va très mal se terminer. Dès le départ et par l'enchaînement des vignettes, tout paraît cousu de fil blanc, ou plutôt de fil chirurgical. Et ça ne manque pas. Sauf que les drames programmés tiennent de la déraison. Ce qu'ils trahissent, vous oblige à reprendre l'examen des images, car quelques visions troublantes ne livrent leurs indices qu'après coup. On est dans un univers de confessions retenues, de vies rapiécées, de destinées entrelacées. Féru de littérature et de cinéma, Baladi maîtrise parfaitement l'art des interférences, des citations et convocations voilées. L'oeuvre est évidemment au noir, ciselée comme une gravure; détaillée. Souvent, un cadre ne renferme qu'un objet. Pour dire l'étirement du temps, l'isolement, la solitude, la menace du réel. Belle étude sur la schizophrénie.


Ph M.

Bibliographie de Alex Baladi